Jour des Morts et Toussaint en Polynésie

Publié le par jutomani

Si en France, les morts devraient être célébrés le 2 novembre, ils le sont généralement le 1er novembre (jour de la Toussaint)…qui est un jour férié, d’où une confusion fréquente entre la Toussaint et la commémoration des défunts. Ce jour-là, les Français se rendent donc généralement au cimetière sur les tombes de leurs proches. Il est courant de fleurir la tombe avec un pot de chrysanthèmes, la fleur la plus achetée ce jour-là. L’ambiance est souvent triste…tout comme le temps qu’il fait habituellement à cette époque de l’année.

 

En Polynésie, les 2 jours sont consacrés aux morts et les cimetières deviennent des lieux quelque peu festifs, avec de la musique, de la nourriture et de la boisson, des bougies, des fleurs et décorations aux couleurs vives. Pas un seul cimetière n’échappe à l’effervescence générale quelle que soit la religion ou la communauté. L’évènement fait la une de tous les médias et occupe les pensées de tous les Polynésiens.


A Tahiti, nous avons pu quelques jours avant la Toussaint voir ici et là des vendeurs de sable blanc. Nous nous demandions bien pour quelle raison. Nous avions remarqué également qu’il y avait des stands de fleurs à tous les coins de rue et, là, nous avions fait le lien avec ce moment de l’année où les gens honorent leurs proches disparus….même si les fleurs vendues n’étaient pas des chrysanthèmes, mais de très belles fleurs colorées et variées.

 

Les familles profitent de la Toussaint pour refaire une beauté à leurs tombes. Et pour cela, c’est la course aux sacs de sable dans les cimetières. Pour le jour des morts, en Polynésie française, les tombes sont couvertes de sable blanc sur lequel sont placés des bouquets de fleurs ou de magnifiques compositions florales, sans oublier une myriade de bougies qui illuminent la nuit. Très peu de tombes sont couvertes d’une dalle en granit, ce sont souvent des carrés ou des rectangles dont les bordures délimitent la tombe. Au milieu se trouve du sable ou des gravillons. Il y a parfois une stèle sur lequel sont gravés les noms des personnes enterrées. En Polynésie, il était fréquent que les morts soient enterrés sur leurs terres, dans leur jardin, voire parfois au sein même de leur maison, mais aujourd’hui cela se fait de moins en moins et est même interdit dans certaines communes.

 

A Papeete, le cimetière est construit sur la colline et, avec le temps, de nouveaux « carrés » sont ouverts de plus en plus haut sur ses flancs…Aujourd’hui, on ‘monte’ aux cimetières et il y en a 7. Les derniers arrivants reposeront donc au septième ciel, à moins qu’ils ne disposent déjà d’un emplacement familial plus bas. Lorsque nous nous sommes rendus au cimetière de Papeete pour voir comment les Tahitiens célèbrent cette fête, nous avons compris à quoi servait le sable blanc.

 

Durant la semaine qui précède le jour des morts, tous les cimetières et leurs abords vibrent d’une activité insolite. Les tombes doivent être en effet belles pour ce jour particulier. La plupart sont recouvertes d’une couche de sable blanc. Il arrive qu’il soit parfois rose, mais le sable noir de Tahiti n’est jamais utilisé. Ce jour-là, il faut de la couleur, de la gaieté, de la joie. Une fois le sable étalé, soigneusement ratissé et débarrassé de la moindre impureté (feuille, gravillon, brindille ou autre), arrivent les familles au grand complet, les bras chargés de fleurs coupées, de fleurs en pots, et de bougies (souvent comme celles que l’on trouve dans les églises ou qu’on utilise comme chauffe-plats).

 

Divers 3925Les enfants jouent dans les allées, les femmes décorent les tombes et arrangent les fleurs, les hommes chantent et jouent du ukulélé. Lorsque la nuit commence à tomber, les bougies sont allumées et la fête commence.

 

Tout le monde se dit bonjour, qu’on se connaisse ou non. Nous sommes invités à regarder les tombes, à discuter de tout et de rien. L’ambiance est agréable quoique surprenante pour nous. Certaines personnes se recueillent, d’autres évoquent des souvenirs, et d’autres encore partagent le ma’a (repas). Des chants montent ici et là et la colline du cimetière est illuminée par des milliers de bougies.

 

Etrange atmosphère, mais sereine, joyeuse…pour une fois, visiter un cimetière est presque agréable…

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